Matériel et Méthodes

Controverse

L’étude d’une controverse peut être très utile pour faire évoluer une thématique. Selon Venturini (2008), une controverse se définit par une pluralité d’acteurs hétérogènes ; des associations et dissociations inattendues ; une prolifération des questions ; des discussions interminables et des conflits violents. L’étude d’une telle situation peut permettre sa résolution. Selon Callon (1981), une controverse n’est pas figée, les choix sont encore être discutables : « Les forces qui s’opposent tout au long de la controverse s’équilibrent en permanence ; Les arguments d’autorité sont donc peu efficaces et cela permet à la controverse de demeurer ouverte, mélangeant sans cesse considérations scientifiques, techniques, politiques ou économiques. ». Cependant, selon Lascoumes (2002), contrairement aux idées reçues, l’opinion peut se montrer un excellent lanceur d’alerte et les controverses publiques ont une réelle productivité sociale tant comme mode d’exploration d’enjeu que comme apprentissage des scénarios et des arguments à leur propos. En outre, loin de démobiliser, les controverses élargissent le répertoire des actions collectives. Elles sont un lieu de construction d’identités et d’actions ; elles permettent aussi la stabilisation d’enjeux hétérogènes et en assurent la visibilité sociale. L’objectif de l’étude d’une controverse est donc de considérer les arguments (souvent des faits mous) des deux partis qui s’opposent en y associant des données scientifiques (faits durs) afin de concrétiser le débat et de trouver un accord stable sur le sujet de la controverse.

Pour étudier une controverse, il est nécessaire de représenter objectivement l’ensemble des acteurs, sans prendre parti afin de considérer et de comprendre l’ensemble des arguments. Nous avons commencé par discuter entre nous de l’agriculture urbaine pour nous faire une idée de cette controverse. Nous avons ensuite parcouru la littérature scientifique afin d’identifier les soubassements scientifiques de la controverse. Un suivi médias (Le Monde, Courrier Internationale, Sciences, journaux régionaux) nous a permis de repérer certains projets d’agriculture urbaine au sein desquelles la controverse pouvaient exister. Après une analyse des textes réglementaires encadrant l’agriculture urbaine, nous sommes allés sur le terrain afin de questionner les acteurs d’un projet rennais et de dresser la liste des acteurs concernés par cette controverse. L’interview de la responsable du projet (Les cols verts) nous a permis de confirmer les acteurs et les arguments des deux partis de la controverse.

Concepts patrimoniaux

Le patrimoine est l’ensemble des éléments matériels et immatériels permettant à leur titulaire de sauvegarder son autonomie et son identité et de s’adapter à un univers imprévisible (De Montgolfier et Natali, 1987).

Analyse du comportement patrimonial des acteurs autour de quatre concepts :

Richesse : éléments économiques ou identitaires que l’acteur cherche à développer sur le territoire

Menace : rupture, éléments qui mettent en péril le flux des richesses
Adaptabilité : action que les acteurs peuvent mettre en place quand une menace se produit, nouvelles relations afin de préserver la richesse
Cohérence : liée à l’environnement et à la communauté de l’acteur

Cohérence interne : relatif aux types de comportements habituels de l’acteur

Cohérence externe : relatif aux relations que l’acteur entretient avec les autres acteurs

Les concepts patrimoniaux nous permettent de cerner les variables qui déterminent l’autonomie et l’identité des acteurs (ses richesses), les variables qui permettent la convergence des acteurs (richesses communes) et les points qui sont négociables (adaptabilité) ainsi que les points non négociables (en ce moment) mais que l’on peut reprendre plus tard.

Entretien

Afin de recueillir des informations supplémentaires sur ce sujet de controverse, nous avons décidé de rencontrer la responsable de l'association d'agriculture urbaine les cols verts à Rennes, Stéphanie Roggero. Nous avons convenu d'un rendez-vous le 5 mars 2018 à 16 h afin qu'elle puisse nous exposer de vive voix les éventuels éléments de débat au sujet de son association.

Les conditions d'entretien étaient les suivantes : nous nous sommes rendu à trois directement à son lieu de résidence et nous avons échangés assis autour d'une table. Pauline Billaud connaissant bien Stéphanie Roggero, l'échange s'est déroulé dans une ambiance agréable sans formalisation. Celui-ci a duré 1 heure et 20 min. Une grille d'entretien a été élaborée en amont avec notre question de départ et les thématiques que l'on voulait aborder durant celui-ci. Cet entretien semi-directif a débuté par la question de départ suivante « Selon vous, il y a t-il une controverse autour de l'agriculture urbaine ? ». À la suite de laquelle, Stéphanie a pu développer son point de vue. Nous avons procédé par système de relances lorsque cela était nécessaire, en posant des questions en lien avec ses précédents propos. Nous la relancions sur les thématiques que l'on voulait aborder avec elle durant l'entretien telles que le problème de la pollution urbaine, les conflits avec les habitants, la législation, la cohésion sociale, la concurrence du marché etc.

Cartographie acteurs-réseaux (Gephi)

La cartographie acteurs-réseaux a été réalisée avec Gephi, un logiciel libre d'analyse et de visualisation de réseaux, développé en Java et fondé sur la plateforme NetBeans.Il permet de visualiser intuitivement les données et isoler les singularités dans la structure de ces dernières. L’approche cartographique est intéressante pour étudier une controverse car elle permet plus d’objectivité, tout en définissant le réseau d’appartenance des acteurs et les rapports d’autorité qui existent entre ces acteurs. En effet, le travail de cartographie ne prend pas en compte la position de l’étudiant par rapport à la controverse. Le travail cartographique force à faire preuve d’impartialité, à étudier de la même manière tous les acteurs afin d’obtenir une représentation symétrique.